Prier, pourquoi, comment ?



Pourquoi nous sentons-nous parfois poussés à prier ? D'où nous vient cet élan qui semble universel au-delà des différences de croyances et de religion ? Et comment pouvons-nous y répondre.





Prier, pourquoi, comment ?
La prière est-elle sortie de nos écrans radar ? En tout cas on en parle bien peu dans nos sociétés occidentales laïcisées et post-modernes… Relégué au tréfonds de nos "sphères privées", cet élan intime n'a plus droit de cité, même si les religions et quelques traditions tenaces lui permettent parfois de faire un bref retour dans les médias : l'ouverture du ramadan, l'histoire de doux dingues entrés au monastère, ou de quelques people partis faire le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle…

Mais la prière ordinaire, celle qui monte du secret des cœurs ou du fond des lieux de culte reste en partie cachée.

Et pourtant, en France par exemple, une personne sur deux déclare prier régulièrement. On prie à tout âge, dans des circonstances variées… et quelle que soit sa foi ou l'image que l’on peut avoir de Dieu. "Je ne sais pas vraiment si je crois en Dieu, mais oui, cela m'est arrivé de prier quand j'étais angoissée ou que je souhaitais très fort quelque chose", reconnaît Sandra, étudiante.

Un élan fondamental jailli du cœur humain

Si prier consiste à s'adresser à Dieu, n'est-ce pas étonnant de prier si l'on ne connaît pas celui à qui l'on s'adresse et qu'on n'est pas sûr de sa présence ?

Ceci nous dit peut-être une première chose : plus qu'une activité ordinaire que nous "décidons" d'engager, prier évoque un élan humain fondamental à l'image du besoin-désir d'aimer ou d'entrer en relation avec les autres…

Entrer en relation avec cet "Autre" par excellence, le rencontrer peut-être, ou recevoir de cet être invisible de quoi combler mes impuissances et mes pauvretés… Ce désir a de fait habité toutes les communautés humaines et toutes les cultures. Et le voilà à l'œuvre en chaque personne humaine, en cette sphère intime où se nouent aussi son intelligence, son histoire unique et sa liberté.

Auprès d'un "Je" unique et souverainement libre s'éveille la conscience de la présence d'un "Tu" et un désir, parfois, d’entrer en  relation. De là naît sans doute l'élan de la prière et explique son "pourquoi". "Je ne sais pas pourquoi je prie, explique un moine, mais je sais que j'ai besoin chaque jour de cette ouverture vers le Ciel pour être vraiment moi-même."

Un appel silencieux du 'Tout Autre'

Prier, pourquoi, comment ?
Les croyants, ceux qui disent avoir "rencontré" Dieu, voient même dans leur désir de prier un appel silencieux du tout Autre. "Quand je suis arrivé à Paris pour faire mes études, j'ai pris l’habitude de visiter les églises et je m’asseyais souvent au fond, raconte Damien. Aujourd'hui je pense que c'est Dieu lui-même qui m'attirait"…

Les grandes religions monothéistes ne vont-elles pas jusqu'à parler de "révélation" ? Ce Dieu unique aurait eu soif de se révéler à l’Homme et de renouer avec lui un état de communion, de rétablir une transparence, une conversation interrompue.

"Tu nous as fait pour Toi, Seigneur, et notre cœur ne connaîtra pas de repos tant qu'il ne demeurera pas en toi". Voilà ce qu'écrit le grand saint Augustin dans ses célèbres Confessions. Ce jeune homme lettré épris de culture romaine qui vivait à Thagaste (actuelle Souk-Akras en Algérie) au IVème siècle après J.-C., raconte comment il se sent appelé à s'ouvrir peu à peu à la foi chrétienne. Il entend même une voix d’enfant lui répéter derrière un mur "Prends et lis". Il ouvre la Bible (l'un des grands livres sacrés "révélés") et commence à se transformer à sa lecture.

Rechercher l'Autre avec les autres

Célèbres ou anonymes, les témoignages des priants nous disent souvent autre chose : si la prière jaillit de l'intime de l'être et de sa liberté profonde, si cet appel prend des formes et des détours uniques pour chaque personne unique, il a aussi une dimension collective.

On peut prier seul(e) mais aussi avec d'autres. Avec ses propres mots ou ceux que d'autres priants nous ont laissés, ceux des prophètes et des livres sacrés, ceux des rituels et des textes propres à chaque religion.

Pour qui sent le désir de la prière mais se demande comment le mettre en œuvre, cette dimension "communautaire" est même essentielle. Car très vite, l'appel à s'élever se heurte à la pesanteur de toute notre humanité : fatigue, ennui, distractions, découragement…
Pour puiser à la source divine, il nous faut alors emprunter les chemins tracés par d'autres, dire et méditer ces textes "révélés", les laisser résonner en nous de façon personnelle, faire confiance aussi à la force spirituelle de certaines traditions religieuses…

Accepter sa faiblesse pour s'ouvrir à un don

Et puis, avoir besoin des autres pour prier, n'est-ce pas faire acte d’humilité, accepter de ne pas être le "maître" de sa prière mais, là encore, de la recevoir comme un don venu d'ailleurs ?

L'Evangile selon saint Marc, l'un des quatre textes sacrés sur la vie de Jésus-Christ, raconte comment un paralytique est un jour amené à Jésus par quatre hommes qui le portent sur son brancard. Le "prophète" guérit tant de malades ! Hélas, la foule est trop compacte devant la maison de Capharnaüm. Nullement arrêtés, les quatre hommes ont l'idée de monter sur le toit et de le découvrir (une pratique aisée au Proche-Orient) pour descendre le brancard juste devant Jésus. "Touché par leur foi" dit l’Evangile, celui-ci guérit le malade de sa paralysie…

Ainsi pouvons-nous être porté par la foi des autres, leur amour, leur prière, leur force intérieure. Et accepter du même coup notre faiblesse, non comme une tare qu'il nous faudrait cacher, mais une belle facette de notre humanité où chacun est confié à l'attention fraternelle de l’autre.

Un chemin d'abandon et de confiance

Prier, pourquoi, comment ?
Ultimement, prier nous aide à faire ce chemin d'humilité, de vérité… Il y a dans ce mouvement un acte de confiance aimante, d'abandon entre les mains d'un Autre.

 "Ainsi la véritable prière exige de moi plus de passivité que d'activité, plus de silence que de paroles, plus d'adoration que d'étude, plus de disponibilité que de mouvement, plus de foi que de raison", écrit le religieux Carlo Carretto dans ses Lettres du désert.

Pour nos esprits modernes, c'est certes un chemin difficile. Accepter de ne plus être son propre maître, la source ultime de sa propre vie, "l'acteur" de  son destin paraît même un scandale à certains.

Mais n'est-ce pas l’une des clés de la paix intérieure que nous recherchons tant ? "Notre cœur est sans repos tant qu'il ne peut demeurer près de toi", disait Augustin.
Et si la meilleure façon de trouver le bien-être intérieur que nous recherchons tant passait par la prière ? Prier, pour retrouver la confiance de l’enfant qui s'abandonne entre les bras de ses parents en somme.

28 Octobre 2013


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